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Entretien avec Jean-Luc Ayoun
Proposé par Lead YourSelf The Vanguard of Leadership

Septembre 2019, Dornes, Portugal
1ère Partie

Entretien avec Jean-Luc Ayoun lors du séminaire AGAPÈ tenu à Dornes – Portugal du 19 au 22 septembre.

Cet entretien est divisé en deux parties et vise à comprendre un peu mieux qui est Jean-Luc Ayoun, ce que signifie l’État AGAPÈ et à quel point il est important à l’heure actuelle.

Jean-Luc Ayoun est français et est déjà considéré comme l’un des penseurs les plus Disruptive et les plus intéressants des temps modernes. Il a une réflexion très similaire sur Eckhart Tolle à propos de « Qui sommes-nous? » Et, en raison de ses caractéristiques individuelles en tant que canal empathique, il a passé la dernière décennie à partager des informations riches en sagesse et en instructions sur plus de 200 000 pages écrites. Ainsi que des réunions mensuelles dans le monde entier.

Il a une posture discrète et humble et réfute tout lien politique, religieux ou spirituel (nouvel âge).

Docteur en médecine, il s’intéresse rapidement aux neurosciences et met au point une technologie de diagnostic QPM® qui permet aux patients, individuellement ou en équipe, d’obtenir un diagnostic intégré de leur état physique, mental, émotionnel et énergétique.

En raison de son charisme, il a suscité diverses réactions de manière plus traditionaliste et conservatrice, mais il est également de plus en plus demandé par les personnes et les structures en cours de transformation.

Des thèmes tels que la colapsologie, les perturbations, la présence, Agapè, la déconstruction, la pratique sans pratique, Hercobulus, Agapè dans les entreprises sont des motifs communs dans leurs discours et séminaires.

Mais à travers cette interview, nous sommes sûrs que vous obtiendrez plus d’informations sur notre invité très spécial.

Lead YourSelf | Fundação do Ser

Cristina : Je commence par me présenter : Mon nom est Cristina Faria, je suis project leader de Lead YourSelf qui est un projet disruptif agissant principalement dans la transformation des organisations et des personnes individuellement. Comme je ne parle pas français, nous avons avec nous Graça Oliveira qui fera la traduction et que je remercie.

Graça : Merci beaucoup aussi.

Cristina : Jean-Luc, pourrait-on parler un peu de toi, qui es-tu ?

Jean-Luc : Bien, je suis un homme de soixante-deux ans, et qui arrive donc en fin de carrière au sens professionnel. J’étais docteur en médecine, ayant étudié très tôt la médecine chinoise, avec toujours dans la vie une recherche de sens : aller au-delà des apparences, aller au-delà du visible. Que ce soit à travers, dans mon jeune âge, le symbolisme, l’ésotérisme, l’énergie, essayer de donner un peu plus de sens à la vie, c’est quelque chose qui était présent en moi depuis toujours : l’invisible, le monde des causes, pourquoi la vie, pourquoi la maladie, pourquoi la souffrance, pourquoi la naissance, pourquoi la mort, et est-ce que le sens de la vie, c’était simplement de parcourir entre la naissance et la mort, sans se préoccuper du reste.

Bien évidemment, au-delà de mon travail de médecin, d’acupuncteur, s’est passée comme une recherche ésotérique, comme je le dis, mais aussi spirituelle, même religieuse, qui m’a amené à fréquenter, si on peut dire, aussi bien le bouddhisme, le christianisme, l’hermétisme chrétien, bref, à me tourner vers beaucoup de traditions et philosophies.

Puis, j’ai découvert, grâce à une technologie que j’ai moi-même mise au point, qui s’appelle QPM, Quantic Potential Measurement, j’ai commencé à m’intéresser aux neurosciences comportementales et à créer des modèles de compréhension de l’humain. Pas seulement dans un système de médecine donnée, mais selon des principes, je dirais, philosophiques, et mystiques, tout en ayant soin de garder ce que je nommerais un esprit scientifique. C’est-à-dire, avec un besoin de validité, de reproduction, et de voir si tout ça, tout ce que j’ai appris, compris, travaillé, pouvait aboutir, je dirais, à une espèce de métamodèle de compréhension du vivant. Chercher à établir des liens, des résonances, des corrélations, des causalités, ça a été toute ma vie comme ça.

Et puis, grâce à l’apport des neurosciences, de mes connaissances intellectuelles, mais aussi de certaines capacités qu’on nomme classiquement médiumniques, de commencer à relier les choses, intellectuellement, mais aussi au niveau du vécu. Parce que la démarche scientifique, effectivement, c’est l’observable, la reproductibilité, mais pour moi, le plus important est d’essayer de trouver une concordance entre cet aspect objectif, sensible, visible, et la Cause qui, elle, pour moi, a toujours été invisible, et pour laquelle l’outil intellectuel ne suffit pas.

Donc, j’ai parallèlement développé aussi bien des vraies connaissances intellectuelles, tout simplement, mais aussi des perceptions intérieures, des états intérieurs qui m’ont rapproché de ce qu’ont décrit tous les mystiques de par le monde. Jusqu’au moment du vécu réel que tout ceci, même si c’était explicable, compréhensible, analysable et surtout vivable, en fait n’était qu’un rêve et que, en étant un peu imagé, tout ce qui se déroulait sur le plan sensible, objectif, manifestable, était en fait quelque chose uniquement de conjoncturel, mais qui n’était pas la vérité.

Donc, au-delà de la recherche de sens, je me suis aperçu que cette recherche de sens ne me suffisait pas. Certes, c’était passionnant – je suis toujours passionné – jusqu’au vécu que tout ceci n’était que quelque chose que se déroulait, qui avait ses lois, ses règles de fonctionnement, de perception, mais que, en rien ce n’était la vérité. Et pourtant, c’était la seule vérité que nous étions capables de vivre, d’appréhender, de comprendre, de sentir, mais qu’il y avait autre chose. Cet autre chose a été vécu, est toujours vécu. Ça a mis fin à la recherche, mais les bases étaient là. L’aboutissement même était là, à travers les technologies que j’ai mises au point, mais aussi à travers mon propre vécu.

J’ai nommé cela d’un mot qui est connu, qui s’appelle Agapè, qui correspond à ce que les Orientaux peuvent appeler l’Absolu ou ce que nous, nous appellerions, en Occident, le Mystère, le Mystère premier.

Et en fait, j’ai abouti à la conclusion que quel que soit ce que nous pouvions comprendre, analyser, synthétiser, ce serait toujours insuffisant. Et qu’il y avait un principe, fondamental, je dirais, qui n’avait rien à voir avec la façon dont nous fonctionnons, aussi bien au niveau de l’individu, de l’affectif, des émotions, de la technique même, quelque chose qui n’était pas de ce monde et qui pourtant était le fondement, la Cause première.

Mais cette Cause première, elle échappe à la compréhension, elle échappe à la science, même si aujourd’hui, elle s’en approche, par exemple avec ce qu’on nomme quantique ou encore les ondes scalaires, ou justement, les dernières découvertes en neurosciences.

Donc, fournir les explications, fournir la compréhension, ne suffisait pas à vivre cette Agapè. Agapè, ça veut dire simplement Amour. Pourquoi nous avons pris ce mot, parce que le mot amour est compris de toutes les façons et toujours corrélé à nos expériences, à notre vécu qui lui est individuel.

Je suis donc progressivement passé de cette vision de l’homme, à une vision de l’univers. Mais pas seulement de l’univers observable, sensible, mais toujours avec l’idée de cette Cause première. Et finalement, le vivant, je me suis aperçu que cette Cause première, c’est le fondement même et le support de tout, même de ce qui est sensible, même de ce qui est perceptible, analysable, observable en ce monde, et qui est tout simplement l’Amour. Mais pas l’amour au sens que nous connaissons tous, avec ses alternances de joies et de souffrances, ses affects, ses émotions, ses passions, mais quelque chose qui était sous-jacent, qui sous-tendait l’ensemble de la manifestation, de la création, et qui était en quelque sorte la Cause des causes.

Mais le pressentir n’est pas le vivre. Et c’est justement le vécu de cela qui pour moi est la vraie richesse. La vraie richesse n’est pas la connaissance, la vraie richesse n’est pas la possession, l’accumulation, ni même la compréhension. C’est le vécu de cela. Et que ce vécu-là, n’est pas exceptionnel dorénavant. Parce que parallèlement à mon vécu, à ce que j’ai pu recevoir dans mes occupations plus subtiles, en tant que médium, en tant que channel, qui devait être vécu, mais si j’étais seul à le vivre, ça ne servait à rien. Et je me suis aperçu que, dans l’air du temps, si on peut dire, que nous étions très nombreux à le vivre, même sans employer ce mot d’Agapè.

C’est difficile à décrire. La Vérité ne peut pas être dite, elle ne peut être que vécue. Elle ne dépend d’aucune condition ni d’aucune circonstance de ce monde et pourtant, elle est omniprésente. Je dirais même que sans Amour, il n’y aurait aucune manifestation possible. Même si ladite manifestation, dans l’univers observable et visible, n’apparaissait pas au premier abord, nous voyons bien le jeu de la vie en ce monde, avec ses alternances, ses cycles, ses mouvements, ses joies, ses peines, tout ce qui se déroule, sur le plan de l’histoire humaine, l’histoire des sociétés, des systèmes, des organisations…

Cristina : J’aimerais, avant de poursuivre, vous demander ceci. Agapè, comme nous l’avons observé parmi les participants à cette rencontre, qui viennent de tous les domaines, classes, âges, avec des expériences différentes, il y a quelque chose que nous avons ressenti, c’est qu’il y a un dénominateur commun. L’Agapè dont Jean-Luc nous parle, est pour tous, ne distingue pas les gens.

Jean-Luc : Bien sûr, nous avons tous – quels que soient, effectivement, notre âge, notre statut social, familial, notre situation affective, nos souffrances – exactement la même capacité à vivre cela.

Simplement, comme je le dis souvent, nous n’y pensons pas, nous l’avons oublié, en ce que la vie sensible, manifestée, en ce monde, est prenante. Nous avons des obligations, qu’elles soient corporelles, familiales, sociétales, nous avons une forme de responsabilité par rapport à la société elle-même, ne serait-ce que par nos activités, les enfants que nous mettons au monde, et que bien évidemment, au-delà de tout ça, il y a la conviction, et d’ailleurs qui est partagée et vécue par les participants, ici comme ailleurs, que, une fois que nous comprenons, que nous acceptons, nous sommes disponibles pour vivre cela.

Cristina : Jean-Luc, je dois te poser cette question. Quand on entend parler de ces choses, normalement, nous les associons à des mouvements spirituels, qui sont à la mode, mais je sens qu’ici, il y a quelque chose de différent.

Jean-Luc : Parce que la grande différence, c’est que c’est quelque chose qui se vit, qui ne peut que se vivre seul, qui se découvre seul, qui ne peut pas s’appuyer sur un groupe, une structure, une religion, un système. Il y a cette espèce de face-à-face, où le monde sensible passe en quelque sorte au second plan. Et ça, ça ne peut se réaliser que dans son intimité.

Alors, bien évidemment, une fois que c’est vécu, une fois que c’est là, présent, dans le sensible, il y a quelque chose qui apparaît tout de suite, c’est un désir, oui, un besoin, de partager cela. Parce que ça concerne tout le monde, quel que soit l’âge, et que l’on partage tous cela. Ce n’est pas quelque chose qui appartient à un individu, à un groupe, à une religion ou à quoi que ce soit. C’est vraiment universel.

Cristina : Est-ce que ça veut dire que, par exemple, moi, pour atteindre cet état d’Agapè, d’Amour, je n’ai pas nécessairement besoin de pratiques, d’adhérer à un mouvement, je peux le faire librement ?

Jean-Luc : Tout à fait. D’ailleurs, la seule condition, c’est d’être libre.

Cristina : Mais c’est contraire aux mouvements spirituels qui abondent en ce moment.

Jean-Luc : Tout à fait. Tout à fait. Le grand problème, c’est que, comme nous le savons, dès que nous nous intéressons à ce qui se passe dans les organisations, les systèmes, les sociétés, on parle beaucoup, c’est récent, de collapsologie, d’effondrement, de changement de paradigme, de disrupture. Certains scientifiques bien informés, vont beaucoup plus loin, puisqu’ils ne parlent pas de changement de paradigme, mais de processus d’extinction globale.

Ça ouvre une interrogation métaphysique énorme où, bien évidemment, l’inconnu fait peur, entraîne une rétraction, une difficulté. Mais ça, c’est transitoire. Et en cela, ça a toujours été dit, où que l’on regarde. D’ailleurs, les êtres qui ont vécu cette Vérité, effectivement, appartenaient à des religions, on les a appelés des saints, appartenaient à des mouvements. Or aujourd’hui, j’affirme que cette découverte ne peut se faire que seul. Vous ne pouvez vous appuyer sur rien, en tout cas au niveau de ce que l’on nomme spiritualité, énergétique ou autre.

C’est quelque chose qui concerne ce que j’aime souvent à nommer le souverain intégral. Le souverain intégral n’est pas en dehors de la société. Ce n’est pas un révolutionnaire, ce n’est pas un marginal, c’est quelqu’un qui a parfaitement étudié le système, qui en a compris certains rouages, ce qui mène, non pas à la compréhension, je l’ai dit, mais en tout cas, à une forme d’acceptation de quelque chose qui est possible.

Et aujourd’hui, je déclare vraiment qu’il n’y a pas besoin de pratiques, il n’y a pas besoin d’organisation. Il y a quelque chose qui est à la mode, ce qu’on appelle l’énergétique. J’ai fait de l’énergétique pendant trente ans, comme médecin. Je dis que tout ça est inutile, superflu.

Cristina : Alors, au fond, c’est complètement disruptif.

Jean-Luc : Oui, complètement.

Cristina : Nul besoin de pratiques, de rituels…

Jean-Luc : Tout à fait.

Cristina : …d’arrêter de manger de la viande…

Jean-Luc : Il y a un seuil, individuel et collectif, qui correspond à l’agencement de la vie. Nous savons tous que la vie est cyclique : nous naissons, nous mourons. Mais n’oublions pas aussi que les civilisations naissent et meurent. Si on se penche sur l’histoire, toutes les civilisations sont apparues ont grandi, ont eu un apogée, et sont mortes, ont disparu. C’est valable pour les Mayas, c’est valable pour tout ce qui a existé sur cette Terre.

Donc, il faut déjà accepter que nous sommes cycliques, qu’au sein de la manifestation de l’univers sensible, même si on l’aimerait, rien n’est éternel, tout ne fait que passer. Et que ça, ça ne me satisfaisait pas : quelle est la Cause de tout cela ? Quelle est la cause première de la souffrance, non pas en termes de diagnostic médical, mais en termes de compréhension intime. Aujourd’hui, je dis qu’il suffit d’accepter que cela soit possible, suffit à mettre dans une disposition particulière du mental, de la personne, de la conscience, et de le vivre.

C’est quelque chose qui est très difficile à accepter. Nous savons tous que dans ce monde, nous devons faire des efforts, élever les enfants, gagner sa vie, répondre à une morale sociétale, mais que même si nous faisons cela, ça ne suffit pas. D’ailleurs, pourquoi la disruption, pourquoi un phénomène disruptif : nous avons quand même, dans cette civilisation occidentale moderne, eu nombre de réponses, par la science, par la technologie, par, simplement, l’hygiène de vie que nous avons aujourd’hui.

Nous avons, en tout cas en Occident, libéré, si je peux dire, tous les besoins vitaux, par l’argent, par la société elle-même, mais que, aujourd’hui, globalement, tous les êtres vivants se posent des questions sur le sens de tout ça. Parce que nous avons dégagé du temps pour y penser, et que nous arrivons, que nous le voulions ou non, à la fin d’un modèle, de société, économique, financier. Nous le voyons tous les jours.

C’est donc une invitation, par les circonstances mêmes de la vie, à cet aspect disruptif. C’est le moment de s’interroger, c’est le moment aussi de comprendre que les systèmes, tels qu’ils ont été conçus, les religions, l’organisation sociétale, n’ont pas pu répondre à cette question essentielle.

Cristina : Jean-Luc, laisse-moi te demander ceci. Cette conclusion, que l’être humain commence à s’interroger sur le sens de la vie, ça a commencé il y a quelques années, et ça a donné lieu à la résurgence de toutes sortes de techniques dites spirituelles, cures, thérapies, qu’aujourd’hui, on peut presque acheter au supermarché. Et ce que Jean-Luc dit, au fond, et c’est très courageux, c’est : laissez tomber tout ça.

Jean-Luc : Oui. Bien sûr.

Cristina : C’est une nouvelle fois alimenter une machine, extérieure à nous-mêmes.

Jean-Luc : Tout à fait.

Cristina : Est-ce ce que je peux en conclure ?

Jean-Luc : Tout à fait. Tous ces systèmes, nous le voyons bien, tout ce qui est apparu récemment sur le marché de la conscience, de l’énergie, du New Age, comme on dit, pour moi est vain, totalement vain. Dès l’instant où on vit Agapè, au-delà des concepts et des définitions, tout le rêve s’écroule. C’est le vécu de la Vérité. Ce n’est pas une négation de la vie, bien au contraire. On est parfaitement présent, mais aussi parfaitement lucide.

On ne se place pas en opposition, mais ce que je peux dire à titre individuel, et ce qui est en train de se produire aussi à tous les échelons de la société – c’est vraiment une redécouverte, que l’intellect ne peut pas expliquer, mais dont les résultats sont plus qu’importants – je dirais que dans un premier temps, c’est remplacer les systèmes, quels qu’ils soient, qui sont au centre de la vie, par l’homme. Mais l’homme, pas dans sa compréhension sensible, visible, et comprise, le fonctionnement du corps est quand même relativement bien compris, la technologie fonctionne, mais on n’a pas mis l’humain au centre, on a mis le système au centre.

Cristina : Ceci est très intéressant. Parce qu’en réalité, comme le dit Jean-Luc, nous nous dirigeons vers une extinction massive, parce que nous oublions l’homme. Et ce que Jean-Luc propose, revenir de nouveau…

Jean-Luc : C’est de se rappeler, de se souvenir. Et c’est très facile, aujourd’hui. Parce que ceux qui vivent cela, ne sont plus des mystiques, des religieux, ou des gens qui se sont exclus de la société. Ce sont des gens de tous âges, on le voit ici, dans cette rencontre, qui le vivent. Ils sont dans la société, ils sont dans la vie, on a des enfants, on est marié, on travaille. Donc, on n’est pas en dehors du système. On est pourtant dans le système.

Cristina : C’est assez intéressant. Jean-Luc propose quelque chose de complètement nouveau. Nous n’arrivons pas encore à assimiler que nous sommes en train de sortir de l’ère matérialiste et, comme beaucoup le disent, à entrer dans une nouvelle ère, de conscience, et Jean-Luc, il dit : oubliez tout ça.

Jean-Luc : Oui. Il y a un philosophe français qui s’appelait Baudrillard, qui disait – je vais l’illustrer à travers ce qu’il a vécu – la nouveauté ne peut pas s’imposer d’elle-même, jamais. La Vérité ne peut pas s’imposer. Ce n’est que son absence d’opposition, avec le temps, qui lui permet de se révéler.

On va prendre un exemple sociétal, qu’a pris d’ailleurs Baudrillard, c’est au moment de l’apparition à Lyon de ce qu’on appelle les métiers à tisser, la mécanisation de leur forme. Les gens filaient depuis… leur propre tissu eux-mêmes, à la main, avec des machines manuelles…

Cristina : La révolution industrielle, oui.

Jean-Luc : Et puis un jour, quelqu’un a inventé une machine. Il apportait un confort à l’humanité, on aurait pu croire que ça allait être accepté. Mais ça a été une révolte terrible. Parce qu’il faut bien comprendre que l’être humain ne peut pas accepter facilement le changement. Nous sommes dans un monde dangereux, la prédation – de la vie, je ne parle même pas de la société – est omniprésente. Nous sommes une chaîne alimentaire. Et qui dit chaîne alimentaire, dit danger.

Cristina : Au niveau social, politique…

Jean-Luc : Pour l’exemple de Baudrillard, quand il a été inventé, ce premier métier à tisser mécanique, il apportait quelque chose qui allait libérer les gens. Mais le peuple ne l’a pas vu comme ça, il y a eu des révoltes, ils ont voulu détruire cette invention. Ce que je veux dire par là, c’est qu’une idée nouvelle ne s’impose pas comme une évidence. Et pourtant, c’est évident. C’est l’opposition à cela, qui meurt.

Et nous sommes dans la période où l’opposition à la vérité invisible, à la disrupture, s’effondre d’elle-même. Parce que dans l’univers sensible, observable, nul ne peut ignorer que nous avons perdu soixante pour cent des espèces vivantes sur Terre. Nous voyons bien ce que nous nommons le bouleversement climatique. Je dirais, peu importe qu’il soit lié à l’homme, comme on a tendance à le croire, ou à une cause exogène, l’important, c’est que c’est là et que plus personne ne peut le nier.

C’est ça qui questionne l’homme. C’est ça qui crée une ouverture à l’inconnu, même si pour l’instant, on refuse de le voir et qu’on parle simplement de changement de paradigme. C’est une opportunité énorme pour découvrir ce que l’on est.

La vérité n’est jamais un point de vue. La vérité est personnelle à chacun selon le vécu, c’est une vérité relative, fonction de l’histoire, des connaissances, de l’expérience. Et puis, il existe une vérité absolue, qu’on ne peut pas connaître, qu’on ne peut pas observer, mais qu’on peut vivre. Et l’être humain n’a jamais été aussi bon, je dirais, que dans les situations extrêmes.

D’ailleurs, c’est parfaitement connu, le psychiatre français Boris Cyrulnik parle de résilience, c’est la même chose dans le système sociétal. La résilience, comme on dit, c’est ce qui permettrait de rebondir. Sauf que là, le rebond, il n’a plus du tout le même cadre de référence, il est périmé. Les innombrables frères et sœurs, dont certains sont présents ici, qui vivent Agapè, qui vivent réellement dans leur chair cette disrupture, ne peuvent plus être dupes des modes de fonctionnement, tels qu’ils ont été dans toutes les sociétés.

(À suivre)

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